Une nuit ce jour-là

« Une nuit ce jour-là » valut à Georges Yu une « Antenne de cristal » en 1978. Décernée par l'Union de la Critique de l'Audiovisuel, celle-ci récompensait, en la circonstance, l'une des meilleures émissions de la télévision belge.

Georges Yu, cinéaste, baladin et flâneur poétique, prolongeait intuitivement ce film qu'il avait réalisé en 1956 et annonçait, en quelques sortes, celui qui allait lui faire échos 40 ans plus tard.

« Les rues de Liège, balade à deux temps, 1956-1996 » et « Une nuit ce jour-là » (1978) sont bien dans une même filiation poétique. Ils incarnent aussi cette scène sur laquelle, à l'image de Molière mourrant en comédien, Georges Yu, arpentant les rues de Liège à la recherche de visages et de rencontres humaines, « choisit », un dimanche de novembre, de s'en aller tutoyer les étoiles...


http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=1774960


De l'autre côté de la terre …
Une nuit de juin 1978 à Liège. Un homme promène son chien. Les nettoyeuses aspirent le tapis d'un grand magasin désert. Une gamine vend ses fleurs aux derniers clients des bistrots. Quelque part dans la ville endormie, une ambulance fonce vers l'hôpital et ailleurs des policiers veillent. Un chirurgien opère. Le train file… Monde étrange de la nuit, rendez-vous des travailleurs au service de la communauté et des noctambules les plus déracinés, filles de joie ou bien des ivrognes esseulés lançant leur SOS sans les lignes du téléphone amies. Mais pendant ce temps, juste de l'autre côté de la terre, en Argentine, le « Mundial » bat son plein et c'est le contraste étonnant des fanfares rutilantes sous le soleil, des hurlements frénétiques de la foule, des commentaires échevelés sur toutes les ondes radio et télévisées du globe, de cris de joie, de l'hystérie finale. Avec « Une nuit ce jour-là », Georges Yu a voulu nous étonner par cette inlassable vitalité de l'humanité dont l'activité de fourmi, à toute heure du jour et de la nuit, témoigne, pense-t-il, d'un sens confus, inconscient, de survie. Moins philosophe, le téléspectateur aura surtout apprécié un suite d'images évocatrices, toutes en demi-teinte qui venaient nous rappeler qu'on est toujours aux antipode de quelqu'un.

LA LIBRE BELGIQUE


… Un bon petit film, tout le temps, en éveil, à la recherche du détail drôle, pittoresque ou émouvant… Un des ces films que sans doute (hélas) on ne commanderait plus aujourd'hui en ces temps de restrictions et de rationalité. Parce que la promenade et la rêverie est-ce bien rentable, monsieur ? …

TELEMOUSTIQUE


Mots choisis du poète :

Il n'est pas très important de savoir qui est ce monsieur,
ni non plus combien de gens ont promené leur chien ce soir-là.
C'était l'été et c'était juin.
Il soufflait sur la ville comme un vent d'indifférence.
Donc un vent très doux.
Les tilleuls embaumaient le crépuscule.
Le vieil homme promenait son chien et ses souvenirs avec personne à qui les dire.
La grande allée est un lieu de rencontre où personne ne rencontre personne.
On est toujours aux antipodes de quelqu'un...

Ce jour-là eut lieu un événement mondial.
L'évocation de ce qui l'entoure sera ce que le Souvenir veut bien admettre…

L'eau est belle et nécessaire quand il fait chaud.
Et qui ne se raconte une histoire
qui n'a de sens que pour lui-même ?
La liberté est banale.
La jouissance est simple.
Était-ce un soir de réflexion ?
Peut-être...
Voir et savoir
ce qui se passe sous le soleil
quand c'est la lune qui éclaire sa nuit.
L'homme de la rue est soudain très puissant...
Les nouveaux gladiateurs sont entrés dans l'Histoire.
Le jour de gloire est arrivé
et ça fait bien longtemps,
n'est-ce pas ?,
que l'Homme a marché sur la lune.

Un homme a fait une chute.
A l'usine peut-être.
Un enfant va naître.
Quelqu'un s'en va.
La traversée de la ville, c'est un long parcours
vers la vie qui vient ou celle que l'on quitte.
Parcours anonyme,
Parcours
entre le jour et la nuit...

Figures de cire et ballets mécaniques.
L'échos du stade
ne franchira pas ces murs.
L'Argentine est bien loin.
Un autre rite, quotidien celui-là, s'exécute sur fond de tapis rouge
à pas feutrés.

Les rédactions préparent les lendemains.
L'événement le disputera
au fait divers.
Les jours s'ajoutant aux nuits
s'écriront dans l'Histoire.
Aujourd'hui,
simple chronique des gens, des jeux, des joies,
des guerres et des peines...

Seul parmi les marbres,
l'homme seul face à l'épreuve. Il corrige.
Ailleurs peut-être, un étudiant potasse ses cours.
Ailleurs encore,
un insomniaque achève des mots croisés...

L'amour se pare de rouge.
Gaichas attentives au sourire captivant.
Femmes assises aux parfums d'occident.
Ici, la cérémonie se passera du thé...

La trace des idoles s'efface.
Les palais ont leur gardien.
Gardien de nuit
et témoin de l'aurore.
La ronde solitaire s'achève.

Face à la vie qui s'écoule, le fleuve a rencontré le rêve...

Georges Yu

A l'image de Jacques Prévert, de Joris Ivens, son ami cinéaste, et de leur film poétique « La Seine a rencontré Paris », à l'image plus lointaine, plus inconsciente, d'un Chardin, peintre calme des forces montantes de la révolution française, le cinéaste évoque le monde tel qu'il fut, tel qu'il est et tel qu'il pourrait être… La poésie, éternel penchant des hommes libres, faisant dès lors, avec « Une nuit ce jour-là » comme avec l'ensemble de ses films, oeuvre révolutionnaire...

Son dernier message

Ecoutez le message laissé par Georges Yu à ses amis et proches.

Dossiers de presse

Téléchargez des photos en qualité maximale :

Petite balade souriante, ironique, potache ou philosophique à travers textes et citations rédigées ou adoptées par Georges Yu

« J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il a fait en partant »
(Jacques Prévert)

« L'éternité, c'est long, surtout vers la fin »
(Woody Allen)

« Etre dans le vent, c'est avoir un destin de feuille morte »
(Jean Guitton)

EN 1992 : « J'ai 65 ans aujourd'hui. C'est pas mal à mon âge ? Hein !? »

« Je n'ai pas peur de la mort. Mais quand elle viendra, j'aime autant être absent »
(Woody Allen)

« Il faut s'intéresser davantage à l'avenir car c'est là qu'on y passera la plupart de ses jours »
(Woody Allen)

« Même si je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, je me battrai pour que vous puissiez continuer à le dire »
(Voltaire)

« Le voyage, c'est l'enfance retrouvée »
paraphrasant Beaudelaire

« Les gens ne meurent que si on les oublie »

« L'intelligence, c'est comme un parachute. Si on en n'a pas, on s'écrase »
(Pierre Desproges)

« Le drame du monde moderne, c'est que la bêtise s'est mise à penser »
(Jean Cocteau)

« La mort, ce n'est rien d'autre que la fin du monologue »

« Pire que le bruit des bottes : le silence des pantoufles »
(Max Frisch)

« Plus l'âme a des racines, plus haut va l'âme »

« Les Yankees sont passé de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation »
(Clémenceau)

« La gaieté, c'est la forme suprême du courage »
(Anatole France)

« Lorsque vous serez réunis, je serai parmi vous »
(Jésus)

« Préservez les riches de la misère car les pauvres en ont l'habitude »
(Pierre Dac)

« Il faut marcher pour que la terre tourne »

« Au restaurant, sur un nappe, Picasso dessine. Le patron demande : vous pouvez dédicacer ? Non, répond-t-il. J'ai payé le repas, je n'achète pas le restaurant »

« Le fou, c'est celui qui sait. Le sage, c'est celui qui cherche »

« Je ne parle pas aux cons, ça risquerait de les instruire »
(De Gaulle)

« Quand je vois le christ en croix, les bras m'en tombent »
(Claudel)

« On n'existe que dans le regard de l'autre »
(Albert Jacquard)

« Un mécontent, c'est un pauvre qui réfléchit »
(Talleyrand)

« L'argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières »
(Woody Allen)

« Les hommes sont des femmes comme les autres »
(Marx Brothers)

« Le désespoir part toujours perdant »

« La vraie morale se moque de la morale »
(Pascal)

« L'homme est né pour le bonheur comme l'oiseau pour le vol »
(Proverbe russe)

« Pour voir les choses d'un peu plus près, il est bon de prendre de la distance »

« L'imagination est la mémoire de l'avenir »
(Robert Sabatier)

« Pour marcher au pas, pas besoin d'un cerveau. Une moelle épinière suffit »
(Albert Einstein)

« Jésus-Christ était fils de Dieu mais, de surcroît, issu d'une bonne famille, du côté de sa mère »

« Une des plus grandes fonctions de l'art est de révéler à chacun la grandeur qu'il y a en eux »
(Malraux)

« Si le bonheur t'oublie, rappelles-le »
(Prévert)

« Mourir pour le peuple, soit, vivre avec : jamais ! »
(Pierre Desproges)

« Où qu'elles te mènent, tes ailes auront raison. Pourvu qu'elles battent large. Sur un air de poisson volant »

« L'amour est charnel jusque dans l'esprit et spirituel jusque dans la chair »
(Saint Augustin)

« Si l'or, c'était de la merde, les pauvres n'auraient pas de cul »
(Proverbe portugais)

« Ceux qui ne comprennent pas le passé sont condamnés à le revivre »
(Goethe)

« La candeur sera-t-elle toujours une proie pour les vautours ? Je le crains. Alors me revient cet aphorisme : « La vengeance est un plat qui se mange froid »... encore faudra-t-il conserver de l'appétit ! … »

« Fort logiquement, les adversaires de l'avortement mettent en avant le DROIT A LA VIE. Fort logiquement, les mêmes sont souvent les adeptes les plus forcenés de la peine de mort… c'est la vie ! »

« Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé »
(Albert Einstein)
« … de classe »
(Georges Yu)

« Ne te retournes pas sur ton passé, il pourrait te mordre »
(Jacques Prévert)

« Celui qui meurt cette année, en est quitte pour l'an prochain »
(William Shakespeare)

« Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens »
(Proverbe africain)

« Une école qui ouvre, c'est une prison qui ferme »
(Victor Hugo)

« Quand le peuple se fâche, la bourgeoisie s'étonne »

« J'ai perdu mes certitudes mais pas mes illusions »
(Jorge Semprun)

« Depuis que les gens ne croient plus en Dieu, ils sont prêts à croire à n'importe qui »

Un proverbe russe dit : « Ce qui est important n'est jamais pressé, et ce qui est pressé n'est pas important »

« TO BE OR NOT TO BE »
(d'un certain William)

"Quand le sage montre la lune, le fou ne regarde que le doigt"
(proverbe chinois)

« Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas le soleil »
(Chateaubriand)

Ni dieu ni maître